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¤ Web-Khankah ¤

La thérapie de l'occulte (1ère partie) - Mw Daoud BADAT

 

Précisions concernant la thérapie de l’occulte

 

 

Première partie 




 

Au nom d’Allah, le Miséricordieux, le Tout-Puissant. Toute louange revient à Allah seul. Que la paix, les salutations et la miséricorde d’Allah soient infinies sur Son bien-aimé messager Mouhammad, sur tous ses compagnons et toute sa famille.

 

Les précisions suivantes sont données à titre d’information générale, afin de permettre à chacun et chacune d’entre nous d’avoir une idée claire et une juste appréciation de ce sujet, et d’agir en conséquence.

Avec l’aide et la protection d’Allah en premier et pendant, et Son acceptation après.

L’exorcisme, ou la thérapie de l’occulte, ou la Rouq'yah en arabe, ou ‘Amaliyate en ourdou, est une science définie, établie d’après des règles d’éthique, car le but est de proposer une thérapie aux problèmes liés à la sorcellerie, dans le strict respect des limites de la Chariah. 

Dans ce domaine, comme dans tous les domaines religieux, il y a différents avis - tous établis d’après les principes utilisés dans le Fiqh - concernant certaines thérapies. Certains savants peuvent « interdire » certaines pratiques, par mesure de précaution. D’autres peuvent autoriser ces mêmes pratiques par mesure de nécessité, en définissant les limites. Ce sujet est complexe, très subtil et très risqué, et c’est la raison pour laquelle certains savants ont préféré opter pour une « interdiction » globale car le risque de Chirk – association d’autres divinités à Allah – est très grand. Mais les permissions et les autorisations – règlementées – existent et sont définies par d’éminents savants. 

 

Dans ce domaine, comme dans tous les autres domaines, il y a les véritables thérapeutes qui ont étudié auprès d’un maître, et qui traitent selon leur niveau de compétence dans cette matière. Comme un médecin qui a fait des études de médecine, a reçu son diplôme et fait son travail selon ses compétences.

Il y a aussi des charlatans, ou des apprentis-sorciers, dont le but est l’argent, le pouvoir ou la notoriété, qui n’ont aucune véritable formation, et qui font plus de mal que de bien. Comme les faux docteurs que l’on trouve dans tous les pays du monde.

Il y a enfin des gens de bonne volonté, dont le but est noble, mais qui n’ont pas non plus suivi une formation adéquate. Et dans ce domaine, la bonne intention ne suffit pas ; il faut adopter les méthodes reconnues, approuvées, éprouvées, sinon, il n’y a pas de véritables résultats, et même le risque de causer du tort au patient. Comme dans le domaine de la médecine, l’apprenti-médecin peut -sans le vouloir- faire plus de mal que de bien.

 

Dans le cadre du traitement, il y a plusieurs moyens de détecter si une personne est atteinte de sorcellerie ou de djinn, la nature précise du problème et du traitement adéquat. Voici donc une énumération - non exhaustive - des différentes méthodes de diagnostic et de traitement qui ont généralement cours dans ce domaine, avec leur degré de fiabilité :



 

Méthode de diagnostic n°1 :

 

L’observation de certains symptômes manifestes : cauchemars à répétition, humeur coléreuse inhabituelle, douleurs inexpliquées, fatigue inhabituelle, disputes sans raison avec l'entourage, insomnie, sensation de "présences", etc. Cependant, tous ces symptômes peuvent avoir une cause "rationnelle", étrangère à la sorcellerie, même si on n’arrive pas à la définir.

Méthode de diagnostic n°2.

 

En lisant certains versets et sourates sur un vêtement de la personne, et suivant l'effet de cette lecture sur le vêtement, on peut déterminer si la personne est atteinte de sorcellerie ou pas. Mais on ne peut connaitre la véritable nature de cette atteinte, ni sa gravité. On donne alors un traitement déterminé à partir des symptômes que le malade ressent. C'est un traitement approximatif, qui peut varier en cours de traitement, selon son efficacité. Mais il est efficace dans beaucoup de cas sans gravité.

Méthode de diagnostic n°3.

 

En mettant un Ta’wiz particulier dans les mains du patient, et suivant sa réaction, on peut déterminer s'il est atteint de sorcellerie, ou de djinn. Ensuite, le traitement se fait comme dans le cas n°2. 

Méthode de diagnostic n°4.

 

On met un Ta’wiz particulier dans les mains du patient, on lit certains versets et sourates sur lui, et on peut  arriver à déterminer le problème de la personne ; on peut aussi communiquer avec les djinns qui le troublent, si c'est le cas. 
Mais à partir de ce moyen de détection n°4, les choses deviennent sérieuses, dangereuses et surtout trompeuses. Il faut "marcher sur des œufs" et surtout le faire absolument sous l'égide d'un maître compétent et expérimenté, sinon c'est la porte ouverte à un monde de dérapages, d'illusions et de tromperies. Car on a ouvert une porte sur une autre dimension, et c'est le monde de la sorcellerie, des djinns, de la magie blanche, noire et rouge. L'armée de Satan est l'affût derrière cette porte, et les satans se réjouissent à l'arrivée de cette personne, car c'est l'occasion rêvée pour eux de l'emmener facilement dans un abyme d'illusions qui petit à petit (Satan enseigne la patience, la persévérance et la méthodologie à ses lieutenants) va l'amener au Koufr et au Chirk, ou tout au moins dans une tromperie ou dans la perversité.


 

Note : On observe un autre moyen de diagnostic et de traitement, apparenté à celui-ci, à la différence que certains versets sont lus par le thérapeute sur une tierce personne qui « capterait » le ou les djinn(s)  qui troublent le patient ; et c’est en conversant avec ces djinns que le thérapeute traite le patient.

Cette méthode est pour le moins inhabituelle, et je ne connais aucun thérapeute reconnu qui l’utilise. Après vérification, voici ce qu’on peut en déduire :

Cette méthode de diagnostic apparait la moins fiable observée, pour les raisons suivantes :

 

  •  Rien ne permet de d’assurer que le djinn qui se manifeste à travers la personne qui capte soit effectivement celui du malade. N’importe quel djinn peut se manifester à travers lui.

 

  • La plupart du temps, c’est le capteur lui-même qui a un problème, et c’est son propre -mauvais - djinn qui se manifeste, et ensuite peut inventer ce qu’il veut. C’est un monde de tromperie tel qu’il est difficile d’imaginer.

 

  • Cette méthode ne permet aucune vérification de ce qui a été dit ou fait.

 

  • Cette méthode ne tient pas compte de la sensibilité du patient, de la confidentialité des informations, et des risques psychologiques sur lui.

 

o    Lorsque le diagnostic lui-même est très douteux, comment arriver à proposer un traitement adéquat ?

Et Allah est le plus savant.

 

 

Une parenthèse - nécessaire -, avant de continuer sur les modes de détection :

 

Quand il est établi qu’un patient a été ensorcelé, celui-ci veut immédiatement connaître son auteur, parfois même avant de s'en guérir ! C’est une réaction spontanée et naturelle, il est vrai, mais convient-il de s’y attacher, même si le but est, généralement, de s'en protéger dans l'avenir ? Jusqu’aujourd’hui, je n’ai eu qu’un seul patient, qui, avant même la consultation, m’a clairement dit que si on détecte qu’il a été ensorcelé, il ne voulait absolument pas savoir ni le nom de l’auteur, ni aucune indication pouvant le situer dans un groupe ! Il voulait uniquement être traité, et ensuite que je lui indique les douas et versets de protection et autres conseils, afin de s’en remettre entièrement à Allah et ne pas penser du mal de quiconque ! Et ce « patient » était une patiente ! Ni ‘Alîmah, ni Hâfizah, n’ayant pas une piété apparente, mais une jeune femme travaillant dans un lieu public. Je me suis dit : « Les maîtres de la Voie ne sont uniquement ceux qu’on imagine… ». C’est un rare modèle de haute sagesse et de piété, pour moi-même et pour nous.

 

Donc, certains thérapeutes - compétents - dévoilent le nom de l'auteur, d'autres pas. Alors, la question est : faut-il dénoncer l’auteur du méfait ou pas ? Voici quelques points à considérer, et mon avis sur le sujet :

A. Tout d'abord, il y a plusieurs moyens pour essayer de connaître l'identité de l'auteur d'une sorcellerie, c'est-à-dire celui qui est allé voir un sorcier afin que ce dernier envoûte une victime ; c'est ainsi que cela se passe généralement : on s'adresse à un "sorcier", qui peut être musulman - malheureusement - pour faire du mal ( un mal particulier ou général ) à une personne ; celui-ci a besoin de certains renseignements sur la victime, ou certains objets de la victime, qui lui serviront pour préparer l'envoûtement lors d'une cérémonie. Ensuite le sortilège est fixé sur un support qui peut être physique ou pas. Ce support est ensuite destiné à être ingéré par la victime ( à travers une nourriture ), ou à être déposé chez la personne, ou à proximité de sa maison, ou caché quelque part dans la mer ou la montagne, ou enterré ; les sorciers les plus dangereux inventent des supports qu'il est extrêmement difficile de trouver. Tout cela est payant, bien sûr, au prix fort…

B. Parfois, la sorcellerie est faite par des djinns qui vont voir un djinn sorcier pour envoûter un être humain ! Il n'y a pas d'intervention humaine. Cela par jalousie, vengeance, méchanceté. Le djinn, en général, a un très fort penchant pour la vengeance pour un mal qu'on lui a fait, même involontairement ; mais il peut revenir à la raison si on le lui explique clairement.
 
C. Les moyens par lesquels on peut arriver à tracer l'auteur direct - humain ou djinn ou sorcier - de l'envoûtement ne peuvent être décrites ici, car faisant partie du domaine des secrets de cette voie - elle n'est pas occulte pour rien -. Le degré de fiabilité de l'information dépend aussi de la compétence du thérapeute. Mais même le cas où le thérapeute a une haute compétence, cette information n'est pas fiable à cent pour cent ; c'est l'avis de la majorité des grands maîtres. 
Dans le cas du messager d'Allah - paix sur lui – qui a été touché par une sorcellerie, son auteur – une femme – a été dénoncée au messager d'Allah -paix sur lui - lui-même par Wahi (révélation divine) ; il n'y a donc aucun doute quant à la véracité de cette information. Les raisons pour lesquelles l'auteur a été dénoncée sont diverses, mais attachées à sa fonction de messager, et ne peuvent donc induire à établir une règle générale.

D. On ne peut donc pas logiquement utiliser cette information pour accuser une personne d'être allé voir un sorcier pour envoûter quelqu'un.
 
E. Le thérapeute compétent peut arriver à vérifier cette information, à l'authentifier, mais il n'a pas besoin de le faire pour le traitement à donner au patient. Certains, généralement ceux qui en font leur métier donc leur gagne-pain – c’est permis -, dévoilent l'information car le patient insiste dans sa demande ; d'autres le font pour d'autres raisons.

F. Comme il est précisé au n°1, si une personne est déjà allée voir un sorcier pour un envoûtement, alors ce dernier possède ce qu'il faut pour refaire cette sorcellerie. Cela signifie même dans le cas où l'auteur est identifié avec certitude, le fait de s'en éloigner, de ne plus le voir, lui parler, l'accueillir chez soi… ne sert à rien ; il pourra toujours aller revoir le sorcier pour un envoûtement.

G. L'expérience montre que quand l'auteur d'un envoûtement sait ou sent qu'il est démasqué, ou que la victime le lui fait savoir gentiment..., il s'obstine et fait de plus belle ; ce qui n’est pas dans l’intérêt du patient…

Voici donc ma position sur ce sujet, élaboré à partir de ces données, des conseils de mes maîtres spirituels et des maîtres de cette voie :

Je ne cherche pas à connaître l'auteur d'un envoûtement ; les thérapeutes djinns qui m'assistent ont dans certains cas besoin de cette information pour arriver à désenvoûter, mais je ne leur permets pas de me la communiquer. 
La victime n'a pas besoin de connaître l'auteur de son envoûtement, car cela entraînera plus de mal que de bien pour elle, et cela ne sert strictement à rien. 
Je conseille à la personne de se protéger par des douas et par la lecture de versets de protection enseignés dans les Hadiths, de demander à Allah le Tout-Puissant de la protéger de tous ces ennemis, connus et cachés, de mener une vie pure, d'éviter tout ce qui facilite d'être atteint par la sorcellerie. L'effort doit être fait dans cette optique : arriver à prendre conscience que nous n'avons que deux véritables ennemis : notre Nafs, et Chaîtan. Cette prise de conscience est un état de grâce, car c'est la réalité, et ensuite tous les autres "ennemis" s'estomperont. Nous n'avons pas été créés pour penser à nos ennemis et nous focaliser sur eux, mais pour penser à Allah. Il suffit de prendre ses précautions, de pas causer du tort à autrui - parfois, c'est cela la cause de l'envoûtement-, faire du bien aux gens, cultiver la Taqwa, et ensuite s'en remettre entièrement à Allah dans la difficulté qui nous arrive.
C'est le seul moyen de vivre sereinement, même si nous avons des problèmes. Sinon, ce sera la peur des gens, la méfiance à outrance, la haine et la vengeance qui habiteront le cœur ; et nos ennemis auront atteint leur but sans même rien nous faire, car un tel cœur sera toujours anxieux.
De mon côté, je côtoie les gens avec un regard neutre ; je connais peut-être certains de leurs problèmes personnels, et c'est l'occasion de faire Douas pour eux, mais je n'ai pas dans l'esprit une liste de gens que je sais qu'ils font le mal. Le messager d'Allah - paix sur lui- disait aussi dans ce sens de ne pas lui rapporter les défauts des autres - sans raison -, car il aime rencontrer ses compagnons avec un cœur neutre et pur.

 

A suivre, inchâ Allah.

 

Badat Daoud.

 

 

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